Chronologie – XII° Siècle

C’est à partir de l’an 1124, que nous trouvons , du moins à la connaissance d’ aujourd’hui,  les premiers  textes, nomment explicitement  le  lieu  de «Podio-Autério», par le Vicomte Bernard Aton (Trencavel).(1).

L’histoire des seigneurs de Carcassonne et de leurs vassaux avant cette date est toutefois riche en éléments d’histoire, il faut savoir que le Comté de Carcassonne passa de père en frère, en fils et par mariage, à la même famille depuis l’an 812, que les seigneurs des fiefs du Carcassès et du Cabardès furent les vassaux des Comtes, puis des Vicomtes de Carcassonne et tout laisse à croire que des découvertes restes à faire, dans les textes anciens concernant ces vassaux….

(1) Notez bien, que la famille Ato (Aton) devenu Trencavel, qui selon les versions, fut soit, affublé du sobriquet de Trencavel, soit qu’il prit ce surnom par choix. Trencavel en patois du XIIe S. voulant dire, là aussi, deux versions, 1: « tranche-net», certainement par ses faits d’armes, 2: «casse-noisette», peut-être pour son exécrabilité.

XII° Siècle

C’est en 1120, le mardi 24 du mois d’août, que le vicomte Bernard Aton IV (Trencavel) fut chassé par les notables et les habitants de la ville (Cité) de Carcassonne. Il y revint quelques temps plus tard. Mais à son retour, les habitants de la cité de Carcassonne, ne voulurent pas le laissé rentrer dans la ville.

Il décida donc d’y faire le siège, demanda de l’aide à Bertrand, Comte de Toulouse, (Trencavel étant son vassal), puis après 3 ans de blocus, il soumis la ville avec force et punis sévèrement les habitants et seigneurs qui lui avaient été infidèles.

Documents servant pour preuve à l’histoire de Pennautier.Histoire Générale de Languedoc, tome 4&5, de Dom Claude de Vic & Dom Vaissette, addition du chevalier Al. Du Mège, 1841. Tôme 4, page 64-65 . LXXV.
Alfonse se ligue avec le vicomte Bernard-Aton. Ce der­nier reprend Carcassonne Origine des mortes payes de cette ville. Alfonse-Jourdain après son entier rétablis­sement dans le comté de Toulouse, témoigna aux habitants de cette ville par divers privilèges qu’il leur accorda, la reconnaissance qu’il avait de leurs services.
II jouit depuis du comté de cette ville, et de tous les autres domaines qui avaient appartenu à ses ancêtres, et se qualifia consul, ou comte de Toulouse, duc de Narbonne et marquis de Provence, comme on voit entre autres par un acte daté du commencement de l’an 1124.
Il s’unit étroitement vers le même temps avec le vicomte Bernard-Aton qu’il aida sans doute à soumettre Carcassonne. Ce vicomte reprit en effet alors cette ville sur les habitants qui s’étaient révoltés contre lui, et qui l’avoient chassé quelques années auparavant.

Alfonse promit à Bernard-Aton par la ligue qu’il fit avec lui de ne pas lui ôter la ville de Carcas­sonne , et toutes les autres de son domaine, et de le secourir contre tous ceux qui vou­draient l’en déposséder, et en particulier con­tre le comte de Poitiers et ses enfants, le comte de Barcelone et ses enfants.
Cet acte qui n’est pas daté est souscrit par Amelius évêque de Toulouse et Bertrand évêque d’Albi ; ce qui prouve qu’il est antérieur à l’an 1125. Puis qu’Humbert avait déjà succédé alors à Bertrand dans l’évêché d’Albi.
Plusieurs seigneurs séculiers s’y trouvèrent aussi présents, entre autres Ray­mond de Baux, Guillaume de Castelnau, Elzear de Castries, Guillaume-Pierre de Caraman, Bertrand de Villemur, etc.
Le vicomte Bernard-Aton, après avoir re­pris la ville de Carcassonne, exigea un nou­veau serment de fidélité des nobles du pays et des environs, ses vassaux, dont on peut voir les noms dans l’acte inséré dans nos preuves.
Ils se rendirent cautions les uns des autres. L’évêque de Carcassonne fut garant en particulier de la fidélité de Pierre-Raymond d’Auriac, et la vicomtesse cautionna pour Guillaume de Durfort.

Bernard-Aton confisqua d’un autre côté tous les biens de ceux qui lui avoient été rebelles, et en dis­posa avec sa femme et ses fils, en faveur de ceux qui étaient demeuré fidèles.
Entre les derniers étaient Bernard de Tresmals, Pierre de Laurac, Arnaud son frère, Arnaud de Pelapoul et Pierre son frère, pour le fief de Gougens et Paret-Longue, Roger de Podio pour le fief de Pennautier et divers autres gentils hommes au nombre de seize, à qui ce vicomte donna en fief les tours et les maisons de Carcassonne qu’il avait confisquées ; à condition de faire guet et garde dans cette ville, les uns quatre, et les autres huit mois de l’année, et d’y résider avec leur famille et leurs vassaux durant tout ce temps-là.
Ces sei­gneurs qui se qualifient dans l’acte châtelains de Carcassonne, promirent par serment au vicomte de garder fidèlement la ville.
Bernard-Aton accorda divers privilèges à ces châtelains, qui s’engagèrent à leur tour à lui faire hommage et à lui prêter serment de fidélité : c’est ce qui a donné l’origine, à ce qu’il paraît, aux mortes-payes de la cité de Carcassonne, lesquels sont des bourgeois qui en ont encore la garde, et qui jouissent pour cela de diverses prérogatives.
Un auteur rapporte les circonstances suivantes de la soumission de Carcassonne à Bernard-Aton. Il prétend que les habitants lui ayant refusé en 1120 l’entrée de leur ville, ce vicomte l’assiégea d’abord et changea ensuite le siege en blocus ; que ne pouvant la prendre, il se rendit à Barcelone avec l’évêque; que les habitants ayant député de leur côté au comte de Barcelone, ce prince leur fit  conclure ensemble une paix perpétuelle, et qu’enfin les habitants reçurent le vicomte  à son retour, et lui firent une entrée magnifique au mois d’Août de l’an 1123 après trois ans de siège ou de blocus.
Mais tout cela n’est fondé que sur des mémoires incer­taines qu’on se contente de citer en général. Il paraît au contraire par les monuments qui nous restent, que le comte de Barcelone ne se mêla en aucune maniéré de la paix que Bernard-Aton fit avec les habitants de Car­cassonne; que ce vicomte soumit la ville par la force, et qu’il punit sévèrement ceux d’entre les habitants qui ne lui avoient pas été fidèles. Quant au temps de cette soumission, le plus ancien acte par lequel le vi­comte disposa des biens des rebelles, est du Lundi douzième de Janvier de l’an 1125 preuve qu’il soumit Carcassonne au moins dès la fin de l’année précédente.

1124-1126. Actes de soumission des nobles du comté de Carcassonne.

Acte par lequel Bernard Aton (Trencavel) et son épouse Cécile vicomtesse, et leurs enfants, donne en fief et châtellenie, à Roger de Podio-Autérij, à sa femme et à ses enfants, ainsi que 1400 solidatas et 18 solidos, lui provenant des biens confisqués sur les seigneurs qui s’étaient alliés contre lui, à charge de tenir garnison, chaque année durant quatre mois, avec sa famille et ses hommes, dans une tour de la cité et de la garder.
Documents servant pour preuve à l’histoire de Pennautier. Histoire Générale de Languedoc, tôme 4&5, de Dom Claude de Vic & Dom Vaissette, addition du chevalier Al. Du Mège, 1841.
(Aux Archives départementales de l’Aude ou sur www. bibliothèque nationale de France.fr)

m. non. Apr. Rogerio de Podio-Auterii, uxori suæ et infantibus suis m. cccc. solidatas de pignoribus ad denarios Ugonencos octenos, et xviii. solidos Tolosanos decenos, etc.

1172, juillet.

A cette date, un serment de fidélité au vicomte de Béziers (Trencavel) de divers chevaliers dont un du nom de Stulti de Podio-Nautério, seigneur du fief de Pennautier. Nous trouvons , comme témoin de l’acte d’engagement pour garder le château de Coustaussa, en attendant que Pierre du Villar soit fait chevalier. Un des quatre   «gentilshommes», un certains Stulti de Podio, qui souscrit un engagement passé à Limoux en faveur de Roger II (Aton) Trencavel, petit-fils de Bernard Aton (Trencavel).

Documents servant pour preuve à l’histoire de Pennautier.
Histoire Générale de Languedoc, tome 4&5, de Dom Claude de Vic & Dom Vaissette, addition du chevalier Al. Du Mège, 1841.

Tome 4, page 524, CCXXVL Serment prêté au vicomte de Béziers. (ANN. 1172 .)

Anno ab I. D. ». c. lxxii. rege Lodovico reg­nante, notum sit, etc.  Factum est hoc in prsesentia Petri arcidiaconi, Carcassona» et Aimerici Bar­bacani , et Ugonis de Romegoso, et Stulti de Podio-nauterio, et Berengarii Luciae, et Ber­nardi Raj mundi de Burgairol. Facta est carta haec mense Julio, feria iv.

1191, mai.

Le Vicomte Roger II (Aton) Trencavel, ayant renié l’engagement avec le roi d’Aragon (Espagne) en faveur de la paix avec le Comte de Toulouse, rassembla, 63 de ses principaux chevaliers, afin qu’ils prêtent serment de fidélité, eux et leurs gens, à son fils Raymond-Roger (Trencavel). Trois des chevaliers, vassaux de Roger, se nommait Arnauld-Raymond et pierre (son frère) de Pennautier (Arnaudus-Raimundi, & Pétrus de Podio-Nautério), ainsi que Galard de Pennautier (Galardus de Podio) tous coseigneurs du fief de Pennautier.

Documents servant pour preuve à l’histoire de Pennautier. Histoire Générale de Languedoc, tome 4&5, de Dom Claude de Vic & Dom Vaissette, addition du chevalier Al. Du Mège, 1841.

Tome 5, pages 20 & 21, XXVI.
Précautions du vicomte Roger pour assurer sa succession à son fils.

Le vicomte Roger en faisant sa paix avec le comte de Toulouse, le reconnut sans doute pour son suzerain dans tous ses domaines, et se délia en même temps des engagements qu’il avait pris arec le roi d’Aragon, qu’il a voit déclaré son héritier en 1179. Mais comme il craignait que celle déclaration ne donnât lieu quelque jour à Alfonse de cher­cher querelle à Raymond-Roger son fils, il crut devoir prendre ses précautions pour assurer sa succession à ce fils. Dans cette vue, il assembla au mois de May de l’an 1191  ses principaux vassaux. Trente d’entre eux s’étant rendus par son ordre à Sausens dans le diocèse de Carcassonne, « promirent amour, confiance, et fidélité à  Raymond-Roger fils de ce vicomte, et  d’Adelaïde sa légitime épouse, et firent serment de le maintenir de tout leur pouvoir. ». Après la mort de son père, dans la possession de tous ses domaines. Trente-trois autres chevaliers , vassaux de Roger, prê­tèrent un semblable serment dans le château de Carcassonne sous l’ormeau. Ce vicomte se rendit au mois d’Octobre suivant à Béziers, où il reçut l’hommage de Guillaume de Faugères pour le château de Lunas. Il fit alors un accord avec l’évêque, suivant le­quel ils promirent de s’entraider, et parta­gèrent la justice de la ville, à l’exception des cas d’homicide et d’adultère, dont la connaissance fut réservée au vicomte.

Tome 5, page 541, preuve XIV.
Serment des chevaliers des vicomtés de Béziers et de Carcassonne, en faveur du fils du vicomte Roger.
(l’An 1191 )

Anno à nativitate Christi mclxxxxi. regnante Philipporoge Francorum, nenseMaii,Arnaudus Raimundi de Podionautério , Petrus de Podio frater ejus,Galardus de Podio, omnes praedicti imlites congregati ad colloquium apud Saucenes , mandamento D. Rogerii vicecomilis Biterrensis , promiserunt amorem , et fiduciain , et fidelitatem in perpetuujin Rajmundo Rogeno jilio pracdicli D. Rogerii , et Alazaìcis legilimoe uxoris ejus : et juraverunt quod pro posse suo facerenl eum habere et tenere totani ter­rain ejusdem D. Rogerii post mortem suam. Eodem paclo apud Carcassonam juraverunt, Rogerius de Podio et isti juraverunt in castro de Carcassonua sub ulmo.


1193, décembre.

Pierre Arnaud de Pennautier, (Petrus Arnaudi de Podio-Nautério) est témoin des dernières dispositions de Roger II Trencavel, et fit serment ainsi que trente quatre, des principaux vassaux de Roger. Documents servant pour preuve à l’histoire de Pennautier.
Histoire Générale de Languedoc, tome 4&5, de Dom Claude de Vic & Dom Vaissette, addition du chevalier Al. Du Mège, 1841.
(Aux Archives départementales de l’Aude ou sur www. bibliothèque nationale de France.fr)

Tome 5, livre XX, pages 28, 29 & 30, preuve XXXVII

Dernières dispositions de Roger II. vicomte de Béziers, Carcassonne, etc… Sa mort.

Roger ordonna au mois de Décembre de l’an 1193 que les Juifs de Limoux et d’Alet, contribueraient à l’avenir de ceux de Carcassonne, aux tailles et aux questes qu’il imposait sur eux, ainsi que cela avait été pra­tiqué du temps de ses prédécesseurs.

Il donna des lettres de sauvegarde au mois de Jan­vier suivant en faveur de Pons de Bram, abbé de S. Hilaire, et des domaines de cette abbaye situez dans le Carcasses et le Rasez, et termina  ensuite, le troisième du mois de Mars, par l’arbitrage de Sicard vicomte de Lautrec, de Flotard-Pierre de Berens, de Bernard de Boisesson, et de Doat d’Alaman, les différends qu’il avait avec l’évêque d’Albi touchant la seigneurie de cette ville et de ses dépendances. Roger ne survécut pas longtemps à ce ju­gement ; il fit un codicille le Jeudi 17 de Mars de l »an 1193 de la Nativité de J. C.  qu’on doit compter cependant de l’incarna­tion ; ainsi le codicille appartient à l’an 1194. II confirme par cet acte le testament qu’il avait fait quelques années auparavant entre les mains de Bernard archevêque de Narbonne, et de Gaufred évêque de Béziers. II choisit sa sépulture dans le monastère de Notre-Dame de Cassan au diocèse de Béziers, auquel il lègue sa table d’or ornée de pierres précieuses, cinq mille sols Melgoriens, etc. Il fait d’autres legs pieux en faveur des ab­bayes de Ville-longue, de Caunes, et de St. Hilaire ; il supprime le droit qu’il faisait le­ver sur le pont de Carcassonne, et ordonne à ses héritiers de réparer le tort qu’il avait fait à la cathédrale de St. Nazaire , et à l’église de Sainte-Marie de cette ville. Il fait quelques libéralité à plusieurs de ses domes­tiques, entre autres à Bernard son secrétaire ; il veut que Raymond Trencavel son frère soit entretenu pour la nourriture, le vêtement et les équipages, tant qu’il de­meurera à la cour de son héritier, et il con­firme le legs qu’il lui avait fait dans son tes­tament. il institue pour son héritier uni­versel, ainsi qu’il l’avait fait dans cet acte, Raymond-Roger son fils qu’il avait d’Adelaïde sa femme légitime, fille du seigneur Raymond comte de Toulouse, et confirme les subs­titutions qu’il avait faites dans ce testament. Il établit Bertrand de Saissac, à la foy, à la protection et au conseil duquel il avait déjà remis la personne et les biens de ce fils, pour son tuteur et baile ( Bajulum. ) pendant cinq ans, à compter depuis la prochaine fête de Pâques. Il le charge de régir les domaines dans son testament pour gérer la tutelle et être bailes de son fils, excepté ceux qu’il établit dans son codicille, parce qu’il tient les autres pour suspects. Enfin ce vicomte dé­clare par serment prêté sur les saints évan­giles, qu’il avait ordonné toutes ces choses pour plus grande sûreté, et qu’il faisait sceller ce codicille de son sceau et de celui de l’évêque de Carcassonne. Ce prélat, les viguiers de Carcassonne et de Rasez, et quelques au­tres y souscrivirent ; Bernard de Canet no­taire de Roger l’écrivit et le scella, et trente cinq des principaux vassaux de ce vicomte s’engagèrent en même temps par serment, de tenir la main à l’observation de tous ces ar­ticles. Bertrand de Saissac, les deux viguiers de Carcassonne et de Rasez, Guillaume Hu­gues sous-viguier, Amblard et Guillaume de Pelapoul, Guillaume du Puy, Pierre-Roger et Jourdain de Cabaret, Pierre-Roger de Mi­repoix, Guillaume et Jourdain de S. Felix, Raymond Trencavel, Guillaume de Roque­fort; Bernard, Pons, Roger et Guillaume Ferrol, Pierre de la Tour, Pierre de Podionautério, Guillaume Gordon, Arnaud de Morlane, etc. furent de ce nombre. Telle est la dernière disposition de ce vi­comte : mais nous n’avons plus le testament dont il fait mention. Il mourut trois jours après, et fut inhumé comme il l’avait ordonne au monastère des chanoines réguliers de Cassan au diocèse de Beziers, dans le nécro­loge duquel on lit les paroles suivantes: le 20 de Mars mourut Roger vicomte de Beziers notre frère.

Il avait changé de disposition par rapport à sa sépulture; car dans un codicille qu’il avait fait en 1179. Il l’avait choisie dans la chapelle de St. Martin de l’abbaye de Valmagne au diocèse d’Agde, fondée par Tren­cavel son père, et il fit par le même acte des biens considérable à ce monastère.

Ainsi finit les jours Roger II vicomte de Béziers, de Carcassonne, de Rasez et d’Albi, à l’âge d’environ cinquante ans, après avoir possédé pendant vingt-sept ans ces quatre vicomtés, avec les pays de Lauraguais, de Minervois, de Termenès, et plusieurs autres domaines que Raymond Trencavel son père lui avait transmis, et avoir passé une grande partie de sa vie à faire la guerre à Raymond V comte de Toulouse son beau-père et son sei­gneur , de concert avec le roi d’Aragon, avec lequel il se ligua contre lui. Du reste nous trouvons ici une nouvelle preuve que ce vicomte avait fait sa paix avec Raymond dès l’an 1191, car il révoque dans ce codicille la tutelle de son fils, qu’il avait confiée à ce diocèses de Beziers et d’Agde, pour l’utilité de cet enfant, avec le conseil de l’évêque de Beziers, d’Etienne de Servian, d’Elzear de Castries, et Déodat de Boussagues. Il le charge aussi d’administrer ses domaines d’Albigeois, de Rouergue et du Toulousain, avec le conseil de l’évêque d’Albi, de Guillaume de Vassal, de Berenger de Bon-fils de Lavaur, et de Guillaume de S. Paul.

Quant au Carcassez, au Rasez, au Lauraguais, et au Termenez, Boger chargea Bertrand de Saissac de gouverner ces païs par l’avis de ses viguiers savoirs Arnaud de Raymond viguier de Carcassonne, et Gùillaume d’Assalit vi­guier de Rasez. Il nomma pour ses exécu­teurs testamentaires le même Bertrand de Saissac, les évêques et les chevaliers dont on vient de parler, et il leur ordonna de payer toutes ses dettes suivant la decision d’Othon évêque de Carcassonne, de l’archidiacre Be­renger, de Guillaume Amelii, et de maître Bertrand. Il laissa Raymond-Roger son fils et son héritier, avec ses tuteurs, viguiers, conseillers, bailes, et tous ses domaines, à la garde et sous la protection et administration de Raymond fils du comte de Toulouse. Il révoque l’ancien comte de cette ville (Comitem Tolosanum majorem), et tous ceux de quelque sexe qu’ils fussent, qu’il avait nommez prince par son testament. Or cet acte est du moins de l’an 1191 puisqu’il déclare qu’il l’avait fait entre les mains de Bernard ar­chevêque de Narbonne, qui mourut cette même année. Roger était donc alors en paix avec le comte de Toulouse son beau-père. Il parait qu’il y eut depuis quelque refroidis­sement entr’eux, puisqu’il le regardait comme suspect dans le temps de son codicille : mais ayant laissé par le même acte le jeune comte de Toulouse son beau-frère pour tuteur de son fils, c’est une preuve que celte nouvelle brouillerie n’eût point de suites. Roger II est encore plus connu dans l’his­toire de l’église par son attachement à la secte des Albigeois, que dans celle de la province par ses exploits militaires. On a parlé ailleurs de l’accusation qu’on forme contre lui d’avoir embrassé les erreurs de ces sectaires; mais supposé qu’il ait eu le malheur de les suivre pendant quelque temps, il est du moins cer­tain qu’il les avait abandonnées sur la fin de ses jours, et qu’il mourut catholique. Outre le serment et les legs pieux qu’il fait dans son codicille, on voit par cet acte qu’il était alors très uni avec tous les évêques de ses domai­nes; et on a déjà remarqué que les chanoi­nes réguliers du monastère des Cassan , où il fut inhumé, le qualifient leur frère.

1194, le 04 aout. Le chevalier Arnauld-Raymond de Pennautier, (Arnaudus Raimundi de Podio) est un des témoins d’un accord passé entre l’évêque de Béziers, Bertrand de Saissac (Bertrandus de Seissaco) et le vicomte de Béziers, Raymond-Roger Trencavel (Raimondi rotgerii) .

Documents servant pour preuve à l’histoire de Pennautier.
Histoire Générale de Languedoc, tome 4&5, de Dom Claude de Vic & Dom Vaissette, addition du chevalier Al. Du Mège, 1841.

Tome 5, livre XX, pages 545, 546, preuve XXIV.
Accord  entre l’évèque et le vicomte de Béziers (an. 1194)


In N. D. anno à nativitate ejusdem mcxciv. reg­nante rege Philippo, 11. non. Aug. Ego Ber- trandus de Seissaco tulor Raymundi Rolgerii vi- cecomilis Biterrensis, bona fide et sine dolo, cum hac caria promitto. Et si forte ibi fuerint, pro posse nostro, illos inde ejiciemus, et libi episcopo jus et liberam potestatem, per me et vicecomitem, eos expellendi concedo…….quod Deus avertat, exces- seriinus, infra xx. dies à vobis, vel nunciis ves- tris commoniti, cum omni integrilate emen­dabimus et corrigemus, quod msi fecerimus, à perjurio, et falsitate, et proditione nos non deffendemus. Hujus rei sunt testes, Bernardusde Narbona archidiaconus Bitter, ecclesias,  Petrus Raymundi de Corneliano, Centullius frater ejus, Arnaudus Raymundi de Podio,  Bernardus Cotae quo dictante Bernardus Mar­tini scripsit.


Vers 1194.

C’est durant le règne de Raymond V Comte de Toulouse, qu’un grand nombre de troubadours purent s’exercer à leur art et c’est ici que l’on retrouve les aventures et mésaventures (!) de « Na Loba» (La Louve) et du troubadour Peyre Vidal (Pierre Vidal).

Pour information de ce qui se disait au XVIII°S. à leur sujet, vous trouverez ci-dessous les indications de Mahul et de Dom Vic, Dom Vaissete et Du Mège.

Documents servant pour preuve à l’histoire de Pennautier.

Il est a noter que les textes qui suivent, sur les troubadours, ont été « traduit » du vieux français (1841) dont est imprimé l’Histoire générale de Languedoc, le logiciel de reconaissance de texte ayant laissé de nombreuses fautes, corriger en grande partie par les membres de l’association, bien que nous avons omis de corriger certaine faute (d’orthographe et grammaticale) afin de laisser le coté authentique de la rédaction des auteurs……


Histoire Générale de Languedoc, tome 4&5, de Dom Claude de Vic & Dom Vaissette, addition du chevalier Al. Du Mège, 1841.

Tome 5, livre XX, pages 35, 36, 37 & 38, preuve XLII. Poètes Provençaux célébrés.

Jamais la poésie Provençale ne fut en si grand honneur que du vivant de Raymond V et jamais aucun prince ne favorisa tant que lui ceux qui la cultivaient. Il est aise de s’en convaincre par deux anciens manuscrits de la bibliothèque du Roi qui renferment la vie et les ouvrages des poètes Provençaux, et où il est très souvent parlé du bon Raymond, comte de Toulouse, qui est notre Raymond V. Entre les poètes qui vécurent de son temps, les plus célébrés furent Bernard de Ventadour, Pierre Roger, Pierre Vidals, Pierre Raymond, et Hugues Brunens. Nous avons déjà parlé ailleurs des deux premiers: nous rapporterons ici les principales circonstances de la vie des trois autres, et nous ne ferons que traduire le texte de l’auteur Provençal.

Pierre Vidal ou Vidals naquît à Toulouse d’un marchand pelletier. Il se distingua autant par sa voix qui était des plus belles, que par ses extravagances.

Il faisait des vers avec beaucoup de facilité : mais il était extrêmement médisant.
Un chevalier de S. Gilles, de la femme duquel il avait fait entendre qu’il était amoureux, lui fit couper la langue.
Hugues de Baux eut soin de le faire panser; et ayant été guéri, il alla outre-mer, d’où il amena une Grecque qu’il avait épousée en Chypre. On lui fit croire que cette femme était nièce de l’empereur de Constantinople, et que l’empire d’Orient lui appartenait.

Il se persuada si bien ces chimères, qu’il employa tout son bien à équiper quelques barques pour aller conquérir cet empire, et qu’il eut la folie de prendre les armes impériales, et de se faire appeler empereur et sa femme impératrice.
Une autre de ses folies était de se croire bien venu de toutes les dames, qui pour se divertir faisaient semblant d’avoir de l’amitié pour lui. Il se croyait être le meilleur chevalier du monde, et il ne marchait qu’à la tête d’une quadrille impériale.
Il demeura quelque temps à Marseille, où il devint amoureux d’Adelaïde femme de Barrai seigneur de cette ville, laquelle se rit longtemps de son extravagance. Il se rendit ensuite à Gennes, d’où il passa la mer avec Richard roi d’Angleterre, qu’il suivit à son expédition d’Orient, sur laquelle il fit plusieurs chansons. Il revint à Marseille, où il apprit la mort du  bon comte Raymond de Toulouse ; il en fut si affligé, qu’il fit couper les oreilles et la queue à tous ses chevaux, et raser la tête à tous ses domestiques, qui laissèrent croître la barbe et les ongles.
Il vivait dans ce deuil extraordinaire, lorsque le roi d’Aragon arriva en Provence accompagné  de ses barons, entre lesquels était Arnaud de Castelbon. Ce prince obligea Pierre Vidals à quitter le deuil, à se réjouir et à faire de nouvelles chansons.
Le poète obéit, et fit la cour à deux dames ; savoir à Raymonde de Bioil, femme de GuilIaume  Rostaing seigneur de Bioil en Provence, et à Etiennete femme du seigneur de Podionautério dans le Carcassez, qu’on nommait la Louve de Penautier, et qui était née en  Cerdagne.  
Pierre, pour 1’amour de cette dernière, prit le nom de Loup, mit un loup dans ses armes, se revêtit d’une peau de loup, et se fil chasser comme un loup dans la montagne de Cabarets, par les bergers, les mâtins et les lévriers, qui le poursuivirent un jour si vivement, qu’on fut obligé de l’emporter à demi mort dans la maison de la Louve de Penautier.
Cette dame et son mari se réjouirent beaucoup de cette aventure: ils firent cependant  traiter Pierre Vidals, qui étant rétabli, se mit au service du roi d’Aragon, lequel prit soin de lui. On trouve dans les ma­nuscrits dont on a déjà parlé une vingtaine de chansons ou pièces de vers de la façon de ce poète, qui y fait mention d’Alfonse roi d’Aragon, de Rainier de Marseille, d’Aymeric roi de Hongrie, du comte de Poitiers, qui avait recouvré, dit-on, les domaines que ses prédécesseurs avaient perdus ; de Richard roi d’Angleterre, de Pierre roi d’Aragon , de la guerre des Pisans contre les Génois, et de la victoire que les premiers avaient remportée sur les autres.
Il se qua­lifie dans ses ouvrages, chevalier d’Alfonse Roi de Castille. Jean de Nostradamus  a écrit sa vie parmi celles des poètes Provençaux qu’il a donnés.

Il lui attribue un traité in­titulé : La maneyra de retirar sa lengua.

Il prétend sans preuve qu’il fit son voyage d’outre-mer en 1227. et qu’il mourut deux ans après.

Pierre Raymond fils d’un Bourgeois de Toulouse, était fort sage et spirituel. Il se fit jongleur, sut très bien trouver (des textes) et chanter, et fit de très bonnes chansons. Il passa  la plus grande partie de sa vie à la cour d’Alfonse II roi d’Aragon, ou à celle du bon comte Raymond, ou enfin auprès de Guillaume de Montpellier : il se maria à la  fin de ses jours à Pamiers , où il mourut.
Jean de Nostradamus parle d’un poète de même nom natif de Toulouse : il le sur­nomme « lou Proux », ou le Vaillant, et prétend qu’il se rendit aussi recommandable par ses exploits, que par ses vers : Il fut, dit-il, à la guerre de Syrie contre les Infidèles  avec l’empereur Frideric, où il composa et dicta plusieurs belles chansons qu’il adressa à Jausserande del Puech, de noble et ancienne maison de Toulouse.

Il ajoute, sur l’autorité du Monge des isles d’Or, que Pierre Raymond fit plusieurs chansons en rime Provençale, qu’il adressa à une dame de la maison de Codollet, au retour de la guerre.

Ce poète, dit-il, écrivit un traité contra l’enour dels Ârrians, c’est-à-dire, contre les hérétiques Albigeois, et un autre contre la tyrannie des princes et même de ce que les rois de France et les empereurs se sont laissez assujettir aux  curez ; il fleurissait du même tems dudit Frideric empereur, et enfin il mourut vers l’an 1225 à la guerre qui était alors entre les comtes de Provence et de Toulouse.

On croirait sur ce témoignage, que Pierre Ray­mond dont il est parlé dans la vie manuscrite des poètes Provençaux, est le même que celui dont Nostrodamus fait mention, mais il y a lieu d’en douter; car de treize chansons de la façon de ce poète, rapportées dans le manuscrit, il n’y en a aucune qui commence par les mêmes mois , que celles qui lui sont attribuées par Nostradamus, lequel en rap­porte les premières strophes.

Hugues Brunencs, natif de Rodez, dans la seigneurie du comte de Toulouse, em­brassa l’état ecclésiastique, et s’appliqua aux belles lettres. Il se fit jongleur et se rendit très habile à trouver : mais il ne composa pas le chant de ses chansons.

II vécut avec le roi d’Aragon, le comte de Toulouse, le comte de Rodez son seigneur.

Bernard d’Anduse, et le dauphin d’Auvergne. Il devint amoureux d’une bourgeoise d’Aurillac nommée madomna Galiene, qui méprisa sa passion. Le comte de Rodez le congédia, et il en fut si chagriné, qu’il se fit religieux dans l’ordre (ou le monastere) de Strozza.  
Nostradamus rapporte un peu différemment ta vie de ce poète.

Parmi les autres poètes Provençaux qui se rendirent célébrés du temps de Raymond V comte de Toulouse, et dont il est parlé dans les anciens manuscrits que nous avons citez, on trouve: 

1°. Pierre d’Auvergne , né dans le diocèse de Clermont du vivant du dauphin d’Auvergne : il fut réputé le meilleur trou­badour jusqu’a Guiraud de Borneil.

2°. Arnaud d’Aniels, gentilhomme de Ribeyrac en Périgord, qui abandonna les let­tres pour se faire jongleur. Nostradamus a écrit sa vie au long.

3°. Peyrols, né dans un château de ce nom en Auvergne, dans le païs du dauphin, auprès de Rocafort. C’était un pauvre che­valier qui se fit jongleur, et devint amoureux de Sail de Claustra, femme de Beraud de Mercœur , sœur du dauphin d’Auvergne . Il se mari à Montpellier, et y mourut.

4°. Pons de Capdueil, natif du Vélai, riche bienfait, bon chevalier d’armes, beau parleur, galant et sachant également bien trouver (composé), violoné et chanter, Il s’attacha à Adelaide femme de Noisil de Mercœur, et fille de Bernard d’Anduse, qui était un honnête baron de la Marche de Provence.

Il fit plusieurs chansons en l’honneur de cette dame ; et leur amour fut célébré dans le païs par plusieurs belles cours, et diverses joutes.
II la quitta pour aller en Provence à la cour de Naudiats femme du seigneur de Marseille. Il voulut ensuite retourner auprès de la dame de Mercœur, mais elle refusa ses services. Cela l’engagea à aller à la cour de madame Marie de Venladour, et à celles de la comtesse de Montferrand, et de la vicomtesse » d’Aubusson. Il revint enfin auprès de la dame de Mercœur, qu’il ne quitta plus. Après la mort de cette dame il se croisa et alla outre-mer, où il mourut. On trouve dans les manuscrits de la bibliothèque du roi quinz poèmes ou chansons de sa façon, entre lesquelles il y en a une qui est fort pieuse, et qu’il composa lorsqu’il était à la guerre contre les Sarrasins.
Il est représenté dans la vignette du manuscrit, à cheval, armé d’un bouclier et d’une lance. Le bou­clier qui est fait en triangle, arrondi par les deux côtés d’en bas, est un champ d’argent chargé d’un écu de gueules.

5°. Guillaume de Leidier ou Dizier natif aussi de Vélai, et châtelain de Veillac » ou Noaillac dans le même païs, se fit généralement honorer, aimer et estimer. II était bon chevalier d’armes, libéral, bien  instruit, poli, civil et galant.
Il fit la cour  à Marquise, femme du vicomte de Polignac, et soeur du dauphin d’Auvergne, et d’Adelaïde (ou Sail) de Claustre, (femme de Beraud de Mercœur.) Guillaume pour cacher sa passion pour la vicomtesse de Polignac, lui donnait le nom de Bertran dans ses chansons. Hugues le Maréchal,  compagnon de Guillaume; que ce dernier  avait mis dans sa confidence, et qu’il appelait aussi du nom de Bertran, était le seul qui connût le mystère ; en sorte qu’ils s’appelaient tous trois de ce nom dans les conversations familières qu’ils avoient ensemble.
Guillaume de S. Dizier fit aussi des chansons en l’honneur de la comtesse de Roussillon en Viennois, dame de beaucoup de mérite. La vicomtesse de Polignac en eut de la jalousie, et elle se vengea. Guillaume fut trahi d’un autre côté par Hugues le Maréchal, qui révéla ses amours avec cette vicomtesse ; de quoi il eut un extrême chagrin.
II nous reste neuf de ses chansons adressées à la fin à Bertran, il y parle honorablement du comte Raymond. Il est peint à cheval dans le lettre grise du manuscrit, tenant dans sa main la lance et un écude gueules chargé de trois tourteaux d’argent, joint par une barre qui traverse et une autre qui descend en forme de T.

6°. Deusde ou Deusdedit de Prades, ainsi nommé d’un village de Rouergue situé à quatre lieues de Rodez. 11 fut chanoine de Maguelonne, cultiva beaucoup les lettres, et fut très habile à trouver ; il fit plusieurs chansons : mais comme il n’y parlait pas d’amour, elles ne furent pas du goût du pu­blic, et on ne les chanta pas. Il parle ce­pendant d’amour dans neuf de ses chansons qui nous restent.

7°. Berenger de Palazol, chevalier du païs de Roussillon : il fit des chansons en l’hon­neur d’Ermessinde femme d’Arnaud d’Avi­gnon, fils de Marie de Pierre-Late.

8°. Guillaume Rainols, docte chevalier de la Cioutat au comté de Forcalquier. Il fit des syrventez sur les différends qui s’étaient éle­vez en Provence entre le roi d’Aragon et le comte de Toulouse.

9°. Guerin le Brun, châtellain de Veillac dans le diocèse du Puy. Il était bon trou­badour, quoiqu’il n’ait fait que des tensons.

10°. Le dauphin d’Auvergne , qu’on loue fort pour sa libéralité, et qui mourut fort âgé vers l’an 1234.

11°. Raymond de Durfort et Turc Malec, chevalier de Quercy.

12°. Albertats (ou Albert) Cailla, jongleur d’Albigeois ; il ne sortît jamais de son païs où il était fort aimé ; il y a un syrventez de sa façon dans l’un des manuscrits de la biblio­thèque du Roi. Il est différent d’un autre poète nommé Albertés, dont Nostradamus fait mention, et qu’il fait natif de Sisteron mais qui était du Capençois, suivant le ma­nuscrit de la bibliothèque du Roi.

13°. Pierre de Bargeac, chevalier, com­pagnon de Guillaume de Balaun. Il fut fort adroit et poli, et devint amoureux de la femme d’un vavasseur du château de Javiac. On a un syrventez de lui : il porte pour armes, d’azur bandé d’or, dans la lettre grise du manuscrit.

14°. Pierre de Botignac, clerc gentilhomme du château de Hautefort, et contemporain de Bertrand de Born, dont nous avons parlé ailleurs.

15°. Tomiers en Palazis, qui fit des syrventez sur le roi d’Aragon, les comtes de Provence et de Toulouse, et le seigneur de Baux.

16°. Guiraud de Salaignac, bon jongleur du château de ce nom en Querci.

17°. Guillaume de Balaun.

18°. Enfin, Foulques de Marseille, Ber­nard de Miraval.

L X V.    Poètes Provençaux célèbres (suite)

1. Raymond de Miraval chevalier du Carcassez, était seigneur pour un quatrième du château de Cabardes

Quoique la naissance l’eût assez mal partagé des biens de la fortune, dit l’auteur de sa vie , il trouva moyen cependant de se rendre recommandable, et de s’attirer la faveur et la protection de Raymond comte de Toulouse, qui l’appelait ordinai­rement Audiarts, nom qu’il se donnait à lui-même dans ses vers.


Ce prince l’honora de son amitié, et eut soin de son entre tien , à cause de la vivacité de son esprit et de son habileté dans la poésie vulgaire.

Miraval fut aussi fort chéri de Pierre roi d’Aragon, du vicomte de Béziers, de Bernard de Saissac, et de tous les principaux barons du païs.

Il était si galant et si poli, que toutes les dames cherchèrent à le connaître avec empressement, et qu’elles ne se croyaient estimables, qu’autant qu’elles avoient quelque part à sa bienveillance.

Il en aima une entre autres nommée la Loba de Penautier, femme d’un riche chevalier, seigneur en partie du château de Cabaret.

Cette dame , qui était très belle, spirituelle et savante, était aimée  de divers seigneurs du païs, mais surtout du comte de Foix, d’Olivier de Saissac, de Pierre-Roger de Mirepoix et d’Aymeri de Montréal.

Raymond de Miraval fît des chansons en son honneur, de même que Pierre Vidal, autre poète du temps ; mais elle ne souffrit l’assiduité du premier, qu’a cause de la réputation quelle s’attirait par là ; car elle n’avaitaucun penchant pour lui, et elle préférait le comte de Foix à tous ses autres amans ; préférence qui donna lieu à de mauvais bruits, et fit tort à sa réputation.

Raymond de Miraval, pour se consoler, s’attacha à la marquise de Minerve, femme du comte (ou plutôt du vicomte) de Minerve, qui était jeune et belle.

Il la célébra dans ses chansons, et en composa d’autres en l’honneur d’Adélaïde de Boisesson, du château de Lombers en Albigeois, femme de Bernard de Boisesson.


Cette dernière, qui était jeune et d’une rare beauté, se sentit fort flattée de ce qu’un poète aussi célébré lui faisait la cour ; honneur que les dames ambitionnaient alors extrêmement, parce qu’il les faisait estimer et leur attirait une foule d’amans.

En effet, le comte de Toulouse, le vicomte de Béziers, et tous les principaux seigneurs du païs , cultiveront aussitôt l’amitié d’Adelaïde ; et Pierre roi d’Aragon en devint si éperdument amoureux, sans l’avoir jamais vue, sur le simple récit que Miraval lui fit de ses charmes, qu’il fil présent à cette dame de plusieurs bijoux de prix, lui écrivit souvent , et fit un voyage exprès à Lombers pour la voir.

 
Pierre eut, dit-on, sujet d’être content de son voyage au grand regret de Miraval, qui de dépit quitta la cour de ce prince, comme Adélaïde de Boisesson n’aimait ce poète que par vanité, elle ne fit aucun scrupule de lui jouer un tour, qui lui causa un extrême chagrin.


Elle était intime amie d’Ermengarde de Castres, qu’on appelait la belle Albigeoise , et qui a voit épousé un Vavasseur ou gentilhomme de cette ville , où elle était née, fort avancé en âge , dont elle cherchait à se débarras­ser.

Ermengarde, à l’instigation d’Adelaïde, envoya dire à Miraval quelle était résolue de l’épouser, s’il voulait répudier sa femme , nommée Dona Caudairenca.

Miraval accepta la proposition avec joie, et renvoya sa femme sous prétexte qu’il n’en voulait pas qui sût trouver, et qu’il suffisait qu’il y eût un troubadour dans la maison.


Caudairenca avait pour amant un chevalier nommé Guillaume Bremon, pour qui elle faisait des chan­sons : elle fit semblant d’être fâchée de se voir répudiée, mais elle en profita aussi­tôt pour épouser cet amant.


Miraval comp­tant de son côté d’épouser Ermengarde de Castres, fut la dupe de cette dame, qui se maria avec Olivier de Saissac, qu’elle aimait beaucoup.


Miraval au désespoir d’ê­tre devenu la fable du public, demeura deux ans entiers sans vouloir faire de chansons.


Enfin Brunissende femme de Pierre Roger de Cabaret l’ayant pris pour son chevalier, il recommença à faire des vers.


Il interrompit encore dans la suite ses poésies, par le chagrin qu’il eut de voir que les croisés avaient enlevé au comte de Toulouse son protecteur , Argence, Beaucairc , S. Gilles , l’Albigeois , etc., que le vicomte de Béziers était mort, après avoir perdu les vicomtés de Carcassonne el de Béziers ; que la principale noblesse du païs ou avait péri, ou avait été obligée de se retirer à Toulouse, après avoir été dépouillée de ses domaines; qu’il avait perdu sa femme ; que sa maîtresse l’avait trahi, et qu’enfin on l’avait chassé de son château.


Il reprit toutefois courage, lors­qu’il sut que Pierre roi d’Aragon étant venu à Toulouse pour conférer avec le comte, et consoler ses sœurs Eleonor et Sancie , il avait promis à ce prince et au jeune comte son fils, de reprendre Beaucaire et Carcassonne, avec le château de Miraval, et de tirer le peuple d’une profonde tristesse où il était plongé à cause des malheurs passez.

Miraval, flatté d’un espoir plus heureux, rompit la résolution qu’il avait faite de ne plus composer de chansons jusqu’à ce qu’il eût recouvré son château ;et il en fit une en l’honneur d’Eleonor femme du comte de Toulouse,  princesse, dit l’auteur de la vie de ce poète, aussi distinguée par sa rare beauté, aussitôt que par la bonté de son cœur.

Miraval, qui avait conçu une forte passion pour elle, sans oser la lui déclarer, lui adressa cette chanson , qui commence par ces mots : Belmès qui eu chant, et l’envoya ensuite au roi d’Aragon.

Ce prince arriva quelques temps après, avec mille chevaliers au secours du comte de Toulouse; Mais il eut le malheur d’être tué devant Muret.

Nous avons cru devoir nous étendre sur la vie de ce poète , parce qu’on y trouve di­verses circonstances qui ont rapport à l’his­toire du temps. On voit 24 de ses chansons ou poèmes dans l’un des manuscrits de la bibliothèque du roi.

Nostradamus parle d’un de ses tensons ou dialogues en vers, entre lui et Bertrand d’AlIamanon, antre poète Provençal : on y agite la question si on devait donner la préférence à la nation Provençale ou à la Lombarde ; Miraval sou­tient les intérêts de la première. Nostradamus lui attribue encore un traité intitulé : Las lauzours de Proensa, ou les louanges de la Provence.

Il ajoute qu’il mourut fort âgé et fort pauvre en 1218.


2. Raymond Jourdain vicomte de S. Antonin en Rouergue sur les frontières du Quercy et de l’Albigeois, fut aussi habile Trobaire (ou poète) que bon chevalier.

Il aima la femme du seigneur de Penne en Albigeois, qui ne fut pas insensible à son amour. S’étant trouvé à une bataille il y fut blessé, et passa pour mort : cette nouvelle causa tant de chagrin à la dame de Penne , quelle sortit du païs, et se rendit de l’ordre des hérétiques.

Raymond Jourdain apprenant le sort de cette dame, en fut accablé de douleur, renonça à la poésie, ne parut plus en public, et passa un an entier dans le deuil et dans la tristesse.

Enfin Alix de Montfort, fille du comte de Turenne et femme de Guillaume de Gourdon, qui était jeune et belle, l’ayant pris pour son chevalier, elle l’engagea à reprendre sa gaité naturelle, et il recommença à faire des chansons. On en trouve sept de sa façon dans les ma­nuscrits de la bibliothèque du Roi.

Nostradamus prétend que ce vicomte se retira vers l’an 1206 à la cour de Raymond Bérenger comte de Provence, fils d’Alphonse II roi d’Aragon ; mais il n’en est rien dit dans les manuscrits, non plus que des autres cir­constances qu’il rapporte de la vie de ce poète.


3. Guillaume Figueire fils d’un tailleur d’habits de Toulouse et tailleur lui-même, et non pas gentilhomme Avignonnais, comme le dit Nostradamus, qui le fait vivre dans le temps que les papes transféreront leur résidence à Avignon, à moins que ce ne soient deux différents poètes de même nom.

Le Toulousain quitta sa patrie lorsque les croisez s’en rendirent maîtres, et se retira en Lombardie, où il se fit jongleur.

Il savait très bien chanter ; et il fut accueilli des seigneurs et du peuple ; mais il était fort libertin. Il n’y a qu’une de ses chansons dans les manuscrits du Roi .


4. Cadenet natif d’un château de ce nom en Provence sur la Durance, et fils d’un pauvre chevalier.

Il était encore enfant, lorsque le comte de Toulouse, ayant pris et pillé ce château, il fut amené dans le Toulousain par un chevalier nomme Guillaume de Lantar, qui prit soin de son éducation.

Il finit ses jours parmi les chevaliers de S. Jean de Jérusalem. L’au­teur de sa vie marque qu’il l’avait vu.

Il est représenté dans la vignette du manuscrit une toque sur la tête, habillé d’une soutane violette, avec un manteau noir, sur lequel est brodée du côté droit une croix pâtée et fleuronnée d’argent, la branche perpendicu­laire de la croix plus longue que la transversale.

On peut fixer plus précisément l’époque où vivait ce poète, par deux actes que nous avons vus, où il est fait mention de Guillaume Hunaud de Lantar, qui l’amena dans le Toulousain. L’un est de l’an 1217. et l’autre est le testament de Guillaume, qui mourut au mois de Novembre de l’an 1222.

5. Hugues de saint Cyr, natif du lieu de Tegra eu Quercy, et fils d’un pauvre Vavasseur (ou seigneur de fief) nommé Arnaud de S. Cir , parce qu’il était du château de ce nom en Quercy, auprès de Notre-Dame de Roquemadour.

Ses freres l’envoyèrent étudier à Montpellier , et ils voulaient l’engager à embrasser l’état ecclésiastique : mais son penchant pour la poésie l’emporta, et il s’appliqua à la jonglerie ; il fit divers couplets avec le comte de Rodez, le vicomte de Turenne et le bon dauphin d’Auvergne.

Il séjourna assez longtemps en Gascogne, et il demeura à Poitiers avec Savaric de Mauleon, qui l’équipa.
Il passa delà à la cour d’Alphonse roi de Castille et de Léon, et à celle de Pierre roi d’Aragon.
Il parcourut ensuite la Provence et la Lombardie ; et s’étant marié, il cessa de faire des chansons. Nostradamus dit qu’il mourut en 1225.

6. Aymar lo Negrès (ou le Noir) natif de Châteauvieil d’Albi, fut fort civil et beau parleur ; ce qui lui attira l’estime du public.

Pierre roi d’Aragon, et le comte de Toulouse, celui qui fut déshérité, l’honorèrent de leur protection, et le dernier lui donna des maisons el des terres à Toulouse.

On trouve quatre de ses chansons dans les manuscrits de la bibliothèque du Roi.

7.   Le comte de Foix ( Raymond-Roger ) Sa vie n’est pas écrite : on rapporte seulement deux petites chansons de sa façon, en ré­ponse à Pierre roi d’Aragon.

8.  Savaric de Mauleon riche baron du Poitou , dont ou fait un grand éloge.

9.   Guillaume de Berguadon vicomte de ce lieu en Catalogne : il célébra dans ses vers Eleonor d’Aragon comtesse de Toulouse.

Il est a noter que ces textes sur les troubadours ont été « traduit » du vieux français (1841) dont est imprimé l’Histoire Générale de Languedoc, le logiciel de reconnaissance de texte ayant laissé de nombreuses fautes, corrigé en grande partie par les membres de l’association, bien que nous avons omis de corriger certaine faute (d’orthographe et grammaticale) afin de laisser le coté authentique de la rédaction des auteurs