Patrimoine / lieux remarquables

Le pont et l’aqueduc

Le pont

Comme il est dit plus haut, aucun document ne mentionne la construction de celui-ci, seul son architecture nous donne quelques éléments de réponse, mais ne nous donne pas de solution exacte.

Pont de Pennautier

C’est sur un document relatant les modes de construction des ouvrages du génie civil dans le Languedoc au fil des siècles que nous pouvons constater plusieurs indices de la période de sa construction.

Notre pont possède plusieurs éléments distinctifs datables:Son arche segmentaire.Ce genre d’arche ont été bâtie du XIIIe au XVIIIe siècles.Son arc extradossé.Ceux-ci ont été construit sur une longue période, allant du Ier au XVIe siècles.Ses becs avant triangulaires.Ils montrent des ouvrages des Ier au XVIIIe siècles.Ses becs arrières triangulaires aussi.Ils ont été construit entre le XIIIe et jusqu’au XVIIIe siècles.La combinaison de ces éléments permettent d’établir une période allant du XIIIe au XVIe siècles pour notre pont.D’autres indications sont en notre possession.

Les compoix des XIVe et XVe siècles sur les reconnaissances foncières des propriétaires ne font jamais allusion de l’aqueduc, mais mentionnes bien le pont.

Un document relate que le capitaine Fournier hugeonot s’est emparé du village à l’aide de l’aqueduc bâti sur le pont à la date de 13 juillet 1577 lors des guerre de religions.

Un autre document dit qu’une pierre gravée à la date de 1694 se trouve sur un des arcs de l‘aqueduc.

Faisant la synthèse de tous ces éléments nous pouvons raisonnablement établir une période allant du XIIIe par l’élément de l’arche segmentaire et du bec arrière, au XVIe siècle avec la mention du 13 juillet 1577 de la prise de Pennautier. (aqueduc construit sur le pont).

En 1735, monsieur Esquirol, fut réglé de 8 livres pour le charroi de l’engravement du pont, plus 14 livres pour le charroi des travaux du presbytère et pour la démolition de la porte Naval (de Fresquel / de la Machine). (A.D.11,4E279/1D7)

Le 1er février 1807, travaux sur les voies du village et ouvrages d’art, réfection des parapets du grand pont, 15 journées de travail; réfection de l’allée sur 800m, 400 journées d’hommes (1.037francs).

La journée d’homme brassier à 1 franc, la journée d’homme maçon à 2,50 francs, 1 journée de travail d’une charrette à 1 bœuf à 4 francs, 1 journée de travail d’une charrette à 2 colliers de chevaux à 6 francs. (A.D.11,4E279/1D18)

Août 1894, projet d’élargissement du pont et de l’adoucissement des pentes y arrivant, pour un montant de 4.975,29 francs. (A.D.11,4E279/1D24)

Entre 1894 et fin 1895, un procès est entrepris par Amable-René de Beynaguet qui fit intervenir « qui de droit » afin de faire interdire l’élargissement du pont et du comblement du terrain communal se trouvant de part et d’autre de ce dernier.

La séance extraordinaire du 27 octobre 1895 nous apprend que le comblement du communal enterra trois autres arches du pont qui en comptait donc cinq, deux que nous connaissons tous, plus trois autres plus petits que l’on appelle de décharge (qui doivent donc être encore sous la route).

Lors de l’élargissement de 1895 un projet montre un plan proposant la construction de deux arches supplémentaires rive droite pour compenser le comblement des trois arcs de décharge qui se trouvaient entre le pont et le tournant de l‘allée. (A.D.11,OW900)

En novembre 1895 une délibération met en évidence une ordonnance du 30 mai 1895 du préfet de l’Aude qui donne enfin son accord pour l’élargissement, mais pas de la construction des arches supplémentaires, les ingénieurs estiment une trop grosse dépense en rapport à la nécessité.

Le 22 décembre 1895, on lit que l’on va donc démolir les arceaux de l’aqueduc du pont jusqu’à la métairie basse. La seule démolition de l’aqueduc devenu obsolète laissera les eaux filer lors des inondations.

On va en même temps modifier le tournant de la fin de l’allée pour un montant de 349 francs.

Le 28 septembre 1896, un rapport précise les travaux de l’élargissement de la tête aval du pont, inauguration de l’élargissement en mai 1897 et la fin totale des travaux fut en juillet 1897. (A.D.11,4E279/1D24)

La première demande de l’élargissement du pont date du 14 février 1894, c’est l’adjudication de l’entreprise Granly Alexandre qui fut retenue, la fin des travaux fut en 1897 pour un montant total de 9.350 francs. (A.D.11,OW900)

agrandissement de 2014

Détail du pont de Pennautier

Session extraordinaire du 31 décembre 1898, en vertu du jugement du 30 novembre 1898, autorisation effective de démolition des arceaux de l’aqueduc restant.

Même séance, le conseil vote 200 francs pour l’achat et la plantation des platanes de l’allée certainement en remplacement des ormeaux qui la bordaient auparavant comme on peut le lire dans un document de Dom Viguerie de 1805 mentionnant que l’on arrive à Pennautier par une longue et magnifique allée d’ormeaux fort considérable et d’une belle hauteur. (A.D.11,026DV006_1171)

En 1900, séance d’avril sur le récapitulatif des démolitions de l’aqueduc avec la mention; 1850 démolition des deux arceaux du pont au pied du Coustou et mise en souterrain en 1899 du pont au tournant de la métairie basse, qui porte la partie souterraine à 179 mètres linéaires.

Dessin de l'esquisse du pont de Pennautier

L’aqueduc

Nul ne sait, aucun texte ne mentionne la construction de celui-ci et par qui il a été bâti, était ce par les consuls ou bien les seigneurs du lieu? Nous avons quand même quelques indices de datation.

L’aqueduc de Pennautier dont ont voit encore les vestiges, aujourd’hui mis en valeur au niveau du parking du restaurant du château à la métairie basse ainsi que dans la salle du rez-de-chaussée de la salle de la tour, amenait à l’aide d’un conduit souterrain et aérien, l’eau d’une source appelé «La Clauze» jusqu’aux murailles du village.

Cette source se trouve sur une parcelle du tènement dit «à la Clauzo» de l’autre côté de la route nationale 113 en direction de la métairie de Conquet.

Mur troué de l'époque à Pennautier

Sur son parcours un bassin de puisage de l’eau avait été construit afin d’arroser un pré au seigneur, encore visible aujourd’hui à mi-chemin de l’allée, puis s’en va vers le village, repasse en souterrain sous le Coustou, puis sous le bâtiment de la Mirande pour déboucher à 1200 mètres de sa source.

(aqueduc souterrain, de la source à la nationale 280m, aqueduc souterrain, de la nationale au bassin de puisage 120m, aqueduc souterrain, du bassin au 1er aqueduc aérien 210m, en aérien, le passage du ruisseau sur le tènement «al rec de clauzo» 80m, aqueduc souterrain de, la fin du 1er aqueduc aérien au début du 2e aqueduc aérien 80m, aqueduc aérien, du haut de la métairie basse au pied de la muraille du Coustou 270m, aqueduc souterrain sous le Coustou et la Mirande 34 à 40m.)

Aucune mention sur le compoix de 1397, ni sur celui de 1495.

Lors des guerres de religion, c’est le 13 janvier 1577, qu’il est fait mention que le capitaine Fournier huguenot, s’introduisit dans Pennautier par le moyen de l’aqueduc. (A.D.11, P.Bouges, p.358 & Mahul, T.VI-2, p.429)

Dans les premières années du XIXe siècle, madame la marquise de Pennautier, Dame Magdeleine-Louise d’Aurelle de Champelière, dans un rapport qu’elle soumet au tribunal contre la municipalité dit qu’en 1784 l’aqueduc était construit depuis fort longtemps comme en témoigne plusieurs pierres gravées à la date de 1694. (A.D.11,4E279/3O6)

Le 28 décembre 1807, un arrêt du conseil municipal autorise le sieur Albarède Jean maitre maçon, à démolir un des arceau de l’aqueduc qui menace ruine.

Les pierres récupérées serviront à réparer l’abreuvoir du pont.

En 1824, plusieurs arceaux furent retrouvés démolis, le maire, après enquête, ne put trouver les responsables de cette démolition, mais ne fit aucun procès-verbal.

La comtesse soumet une suspicion, puis son fils quelques temps après fit démolir deux autres arches placées entre le pont et l’entrée de son château, qui fit là, procédure au correctionnel. (A.D.11,4E279/3O6, p.4-5)

On trouve sur le dossier des Archives Départementales de l’Aude à la référence 4E279/1O2, un certain nombre d’actes sur le conflit de l’entretien et les travaux entre la commune et la famille de Beynaguet.

Le 24 décembre 1854, la décision fut prise de démolir la partie de l’aqueduc partant de la métairie basse au village et remplacer la conduite aérienne par une conduite de force souterraine de 80mm de diamètre.

Seule la partie du village et sur le pont se fera.

(La conduite se fit certainement, mais pas la démolition comme on peut s‘en apercevoir en 1895). (A.D.11,4E279/1D20)

Les réparations de l’aqueduc qui amenait la plus grande partie de l’eau potable au village furent en ce fin XVIIIe siècle et tout le XIXe siècle, sources de conflits entre les propriétaires du château et la communauté.

En effet l’eau potable conduit par cet aqueduc était distribué aux habitants, à la fontaine, (où se trouvent actuellement les WC du rez-de-chaussée de la salle de la tour) et aux bassins du parc du château passant au préalable dans le réservoir qu’il y a dans le talus sous la rue Jean Richepin.

(le réservoir existe encore aujourd‘hui, il est fermé par une porte de fer, le lieu est appelé de nos jours «la cave»).

L’aqueduc subissait les assauts du temps, sècheresse extrême l’été, gel de l’hiver qui faisait éclater les tuyaux de céramique.

Le droit de propriété de l’aqueduc était flou.

La communauté voulait que les réparations soit pour la plus grande partie réalisées par les châtelains qui en demandaient la propriété et qui prenaient en plus du château une partie non négligeable de l’eau à la métairie basse.

Mur à l'entrée du village

Les châtelains quant à eux précisaient que les factures devaient être prises chacune à part égale….

Il faut aussi savoir que Bernard de Reich fit construire un grand bassin alimenté par les ruisseaux environnants au sud et en face de la métairie haute sur l’emplacement actuel de la vigne derrière la maison de retraite, et que l’eau de ce réservoir placé en hauteur donnait toute la puissance au jet des parterres d’eau que comptait le parc du château.

De plus, une prise d’eau et un puits situés au couchant dans le parc près de la rivière.

Le 20 juin 1875, démolition de l’aqueduc du pont à la métairie basse et remplacement de la conduite aérienne par une souterraine, dite, de force. (A.D.11,4E279/1D21)

En 1888, vente des tuyaux en vieille fonte récupérés de canalisation souterraine de l’aqueduc à l’entreprise Fafur pour un montant de 7 francs les 100kg. (A.D.11,4E279/1D22)

En février 1890, travaux sur la nouvelle canalisation de la Clauze, paiement des factures; Ent. Huguet plombier 598,25 francs, Ent. Aribau Maçon 268 francs, Ent. Cezac Maréchal 49,80 francs, Monsieur Cezac charretier 21,50 francs, Ent. Oustric Pierre Terrassier 6 francs, monsieur Gleizes Architecte 180 francs.