Patrimoine / lieux remarquables

L‘hôpital

Il existait un ancien « hôpital » (n°08, plan 18) d’une construction gothique qui pourrait remonter des XIIe et XIIIe siècles, accolé au cimetière (ancien) (n°10, plan 18) avenue du Portail d’amont, dont les couverts étaient encore visibles en 1880 ainsi que les vestiges de sa chapelle (n°09, plan 18) qui avait son entrée dans le cimetière à gauche.(A.D.11,MAH/VI-2). (le n°11, plan 18 correspondait au jardin de monsieur le curé du village retrouvé sur de nombreux compoix).

Cet hôpital est cité par un acte retenu par Me Fortanier, notaire à Carcassonne, le 1er  juillet 1604, d’un bail à ferme des revenus d’un fief à Pennautier, appartenant à l’hôpital de ce lieu. (A.D.11,Viguerie, Annales de Carcassonne, T.I, p.405)

Comme je l’ai inscrit plus haut dans le paragraphe du Saint-Sépulcre, l’hôpital possédait un fief contenant une métairie et teulière (fabrique de tuiles et de briques) ainsi qu’environ 134 cétérés de terre cultivés par divers agriculteurs en locatérie. (134 cétérés ~ 50/70ha).

La grande partie des biens et privilèges qu’il possédait fut cédée par le syndic le 7 août 1654 à Noble Henry de Reich par devant maître Falenc, notaire.

Cet hospice, ayant des revenus insuffisants fut rattaché avec ses biens à l’hôpital général (Hôtel Dieu de Carcassonne) par arrêt du conseil du 11 janvier 1695.

Lettres patentes du mois d’octobre 1696, enregistrées au parlement le 22 juin 1697. (A.D.11,Viguerie, Annales de Carcassonne, T.2, p755)

Dénombrement du fief de l’hôpital en date de 1353, 1527, 1608, 1621, 1743, 1765.

Dans un registre des délibérations des consuls du village, j’ai trouvé un texte disant que c’est un édit de sa majesté le roi qui rattacha l’hôpital de Pennautier à celui de Carcassonne en 1678. (A.D.11,4E279/1D2)

Dans un délibéré daté du 2 novembre 1791, tenu dans la maison commune, il est fait mention par Jean Albarède, consul-maire de la communauté, tenant boutique de charpentier, d’un incendie survenu dans la grange de l’hôpital près du cimetière route de Villemoustaussou. (A.D.11,4E279/1I1)


Dans une des caves de ces maisons, existent encore aujourd’hui des vestiges de cet ancien hôpital.
En effet, des niches voûtées de style gothique sont encore en bon état.

Il n’est pas étonnant de trouver en ce lieu, l’ensemble: hôpital ou maladerie, léproserie, chapelle, cimetière, car est-il bon de rappeler, qu’au moyen-âge les hôpitaux administrés par des ecclésiastiques faisaient office d’accueil des  infirmes, aliénés, vieillards, enfants perdus, les malades de la lèpre et bien d’autres maladies.

Certains textes relatent que cet hôpital abritait des lépreux.

Une preuve que notre hôpital avait bien la fonction de léproserie se trouve sur un dénombrement du compoix du XVe siècle, d’une parcelle situé à «la croix(*) de la Mézélarie» un mot du patois ancien (mi-occitan, mi-françois) ayant la signification de mésellerie, maladerie, léproserie.  (A.D.11,4E279/124J872)

(*)il s’agit du croisement du cimetière, des routes de l’actuelle avenue du portail d’Amont, de l’avenue Raymond Courrière, de l’avenue Luis Ocaña et de la rue Guynemer.

Sur le «cadastre» du village datant du XVIIIe siècle, le terrain (n°07, plan 18) accolé à hôpital a ses limites repassées de la même couleur que ce dernier et laisse supposer qu’il pourrait justement s’agir d’un enclos pour la promenade des lépreux, aliénés et autres malades.

Au XIIIe siècle il existait environ 2000 établissements de ce genre situés aux abords des villages en France, ils avaient la fonction de regrouper cette population.

Malheureusement la plupart de ces établissement ont disparu.

Il existait un protocole lorsqu’un individu arrivait sur une communauté et présentait les symptômes de la peste.

Un médicastre(*) établissait le diagnostique, une messe était célébrée, l’individu entouré de tréteaux pour le séparer des paroissiens et recouvert d’un drap noir y assistait, puis après avoir reçu l’absolution on lui donnait les habits, les gants, le chapeau, une crécelle et une bassine pour le soulagement de ses mains et ses pieds.

(*) «médicastre», terme péjoratif employé pour désigner un soit disant médecin, aujourd’hui, un charlatan.

Enfin on jetait même un peu de terre sur le drap symbole de l’enterrement puis il était amené à l’hôpital.

La chapelle accolée à notre hôpital n’avait-elle donc pas la fonction de recevoir ces personnes et d’y célébrer ces messes? Son entrée se faisait par sa gauche à l’intérieur du cimetière.
   
Ces établissements avaient donc une fonction de mouroirs. On y venait pour s’éteindre «en douceur», recevoir l’extrême-onction, plutôt qu’y guérir.

En passant par l’agrandissement du cimetière, on peut encore voir le sous-bassement de cette ancienne bâtisse.

Monsieur Lafages, habitant de Pennautier, à qui appartenait le terrain avoisinant cet hôpital, nous expliqua que le mur originel partait de la première maison jusqu’à l’ancienne chapelle et était percé avant les travaux de réhabilitation, de deux portes avec arcs en plein-cintre donnant côté cimetière.